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Abandonnée à la confiance…
J’ai eu très très peur. Presque autant que le jour où le chien des voisins s’est élancé vers moi pour me manifester toute son affection. Presque autant que le jour où la prof de math a découvert que j’étais vraiment nulle pour tricher. Presque autant que le jour où j’ai cru que c’était la guerre, à l’âge de 6 ans, alors que c’était juste le feu d’artifice du 14 juillet.
Ça s’est passé le week-end dernier, dans les Alpes. Ce n’était pas prévu, ça a peut-être l’air de rien pour vous, mais en ce matin grisâtre, je me suis retrouvée sur des skis pour la première fois, à 41 ans.
Au début, tout allait bien. Je sentais le vent frais sur mon nez (plus ou moins la seule partie de mon corps au contact de l’air). Je me sentais assurée, dans un équilibre confortable… jusqu’à ce que quelqu’un dise « bon, on commence à glisser ! ». Au début, aller tout droit sur une pente pas pentue, c’était facile. Je me suis félicitée d’avoir déjà vu des gens skier à la télé, « ok, je sais faire ! ». J’avançais… à la vitesse d’un escargot qui cherche une oasis dans le désert. J’allais commencer à m’auto-complimenter tout haut quand nous sommes vraiment arrivés à la piste de ski. J’avançais dans une parfaite innocence. Prise au dépourvu, prise dans la vitesse ! La pente s’est mise à me dévorer sans que je lui aie demandé quoi que ce soit ! Quelqu’un m’a crié « tourne ! ». La vitesse, le froid, les skieurs qui me doublaient ! Mes jambes se sont raidies, mon cerveau rationnel a arrêté de fonctionner, j’étais en panique totale. Faire un virage ? Ça voulait dire passer par une position en étant face à la piste et risque de dévaler la pente. C’était évidemment hors de question. J’ai réussi à m’arrêter de manière très peu orthodoxe pour évaluer la situation. Voici les choix qui s’offraient désormais à moi : me réveiller de ce cauchemar, attendre la fonte des glaces, faire appel à un super héros, il doit bien y en avoir un qui gère les quarantenaires coincés face à une monstre pente de neige.
Ce dialogue mental a rapidement été interrompu par une pensée : comment font tous ceux qui font face à des peurs ? Je pensais à mes enfants, à mes clients, à des amis. Je me suis dit que je ne laisserais pas cette situation – aussi difficile soit-elle – gâcher ma journée.
J’ai donc recherché tout ce qui pouvait me rassurer autour de moi : les gens avaient l’air plutôt contents d’être là, bizarrement, ils n’avaient pas l’air apeurés. La famille m’encourageait et c’est dans leur « tu peux le faire » que j’ai décidé que je pouvais le faire.
Cette décision prise m’a sans doute value mes plus beaux apprentissages du moment : c’est dans le relâchement que j’avance. Mon corps me porte là où mon regard se pose. Et le plus beau de tous, que j’ai ancré au moment même où je devais me mettre à 90° par rapport à la piste pour tourner et que le risque semblait le plus élevé : je me suis totalement abandonnée à la confiance.
Je glissais, je tournais, je skiais. Doucement, mais je skiais. Le vent dans les arbres sifflait la victoire.
Résultat en chiffres : 3 heures sur la piste la plus facile, 3 descentes, 2 remontées mécaniques, 18 arrêts en cours de route, 4 chutes. J’ai savouré mes frites du refuge comme si elles avaient été préparées par un chef étoilé.
Car dans mon esprit, tout devenait possible. Seules conditions : la détente et la confiance.